jeudi 12 février 2009

Inde - Janv / Fev 2009

Il est étonnant que vous ne vous découragiez pas, Sire, à faire ces allées et venues. Je m’en vais afin de vous délasser, vous raconter une histoire. Ecoutez. (1)





(1) CONTES DU VAMPIRE, traduit du sanskrit par Louis Renou. Editions Gallimard.


Dimanche 18/01 – Delhi
Lâchez la volaille. Le SD en mode Tandoori. Première journée de formatage aux us et coutumes du sous continent. Première journée surtout mangée par une bonne grosse sieste suite à l’arrivée tardive et à la nuit Finnair. Pas grand-chose techniquement mais un réel bonheur parfumé à l’encens et au curry. Dépaysement total. La volaille est toujours en vie.


Lundi 19/01 – Delhi
Un décalage horaire ouest/est et 200 chaines de TV, égal une mise en route laborieuse puisqu’une fois englouti mon mix vegetable et être passé par la gare et le métro j’ai à peine le temps d’apprécier le Gurdwara Bangla Sahib. Visite pieds nus, tête couverte d’un foulard orange du plus bel effet, au rythme d’hymnes Sikhs diffusés depuis le temple par haut parleurs. Demain, premier transfert.


Mardi 20/01 – Agra
Le train indien, je l’imaginais plus exotique, avec des vaches sur le toit. J’étais en première classe, ceci dit. Et puis pas même un retard, c’est limite de la provoc. A l’opposé de la journée d’hier, celle d’aujourd’hui a été particulièrement efficace. En grande partie grâce à la location pour la journée d’un chauffeur de Rickshaw. Le programme du festival d’Agra est donc composé des mausolées Chini-ka-rauza et Itimad-ud-daulah (aka Baby Taj), du parc Mehtab Bagh, du fort Moghol et enfin du célébrissime Taj Mahal. Que dire de ce qui est devenu l’emblème du tourisme indien ? Tout est démesuré, les 22 ans nécessaires et les 20000 ouvriers bien sur mais également cette beauté massive associée au souci du détail. Evidemment, chef d’œuvre.


Mercredi 21/01 – Agra/Fatehpur Sikri
Expédition 40 kilomètres à l’ouest d’Agra et visite de la cité fantôme de Fatehpur Sikri, tel est le programme du jour. Expédition parce qu’éviter tous les pièges dressés par les conducteurs de Rickshaw afin de vous empêcher de prendre votre bus au profit du taxi d’un ami est un vrai parcours du combattant. Cité fantôme parce qu’après avoir été la capitale de l’empire Moghol pendant 15 ans au XVIe siècle, la ville fut abandonnée au changement de règne faute d’irrigation suffisante. Le palais qi est une suite ocre de pavillons, de kiosques et de cours est joli et bien conservé. Evidemment autour c’est nettement moins le cas. Après trois heures de ballade le retour sur Agra est beaucoup plus simple que l’aller. Je ne vais pas m’en plaindre.


Jeudi 22/01 – Jaipur 
En dépit des six heures de bus, une bonne après midi de visite consacrée à Jaipur et à sa vieille ville. Un bon cinq kilomètres égarements compris afin d’accéder au City Palace, la suite de palais située au centre de la ville rose. Encore une fois de superbes couleurs au service d’une architecture mélangeant les styles musulmans, rajputs et européens. Encore une fois une sur animation des rues, dégoulinantes de piétons, d’animaux et de véhicules de tout gabarit. Evidemment, le milliard d’habitants, il faut bien le caser quelque part.


Vendredi 23/01 – Jaipur/Amber
Retour dans la vieille ville afin de débuter la journée au Jantar Mantar, un observatoire avec des constructions ayant des fonctions astronomiques (cadran solaire, calcul des éclipses … ). Pas transcendant mais mignon. Aujourd’hui c’est le jour de deux classiques des voyages long courrier. Le premier arrive des la sortie du JM quand je choppe un minibus en direction d’Amber. Mon premier contact avec les transports locaux/courtes distances. Mode compact, je sens une vingtaine de paires d’yeux posés sur moi, je suis une star. Onze kilomètres plus tard je suis en bas du palais fortifié. Les premières lignes sont relativement éloignées donnant un coté muraille de Chine. Grimpette molle, le soleil tape, c’est l’été. Visite en deux temps. D’abord la partie construite au XVIe siècle puis celle poursuivie encore plus haut au XVIIIe. Tout est magnifique mais mes mollets protestent et réclament de meilleures conditions de travail. Retour sur le vieux Jaipur devant le palais du vent. Enfin un peu de fraicheur. Dommage pour la photo, il fait nuit. Conclusion avec un deuxième classique , le mc donald’s. Difficile d’imaginer des menus sans bœuf. Et bien, ils l’ont fait.


Samedi 24/01 – Pushkar
100 kilomètres à l’ouest voici Pushkar, important lieu de pèlerinage Hindou. Et me voila embarqué dans une espèce de cérémonie dans le lac destinée à améliorer le Karma familial et marital. On arrive sans chaussures et après quelques incantations et jetés de fleurs on repart avec une jolie marque rouge entre les deux yeux. Evidemment, donation obligatoire. Pèlerinage pourrait laisser croire à une furia mystique mais rien de tout cela. A peine une légère folie douce. Même si la réglementation alimentaire est draconienne on pourrait se croire dans une station balnéaire version indienne. Le soir et une pizza plus tard, il est temps de repartir pour l’Hotel Maharadja. Pourquoi en parler ? Simplement parce que le record de ma cellule de Pisco est pulvérisé. Record porté de 5 à 2 euros. Thé offert compris. J’ai quand même pris soin de lui faire répéter le tarif trois fois. A ce prix la, on peut bien laisser filer quelques billets afin d’améliorer son Karma.


Dimanche 25/01 – Udaipur
Commence la partie qui supporte les transferts les plus longs. Aujourd’hui plus de huit heures de bus afin de rejoindre Udaipur. Evidemment la journée est bien entamée. A peine le temps d’ajuster mon nouveau quartier que le soleil se couche sur mon nouveau lac et mes nouveaux palais. Autre nouveauté, mon premier spectacle vivant. Sept ou huit actes allant des danses traditionnelles rajahsthanies au spectacle de marionnettes. Avec un final ultra impressionnant d’une danseuse empilant des cruches sur sa tête et/ou marchant sur du verre pilé. Ce n’est pas Bali mais l’heure consacrée a été largement récompensée.


Lundi 26/01 – Udaipur
Petit dej en toit/terrasse avant de voir de l’intérieur ce qui a été aperçu de l’extérieur. D’abord le Jagdish Temple. Indo-Aryen et occupé par une cérémonie dont la signification m’échappe. Garuda veille. Ensuite, le City Palace et son musée. Des jardins, de jolies vues sur Udaipur et des collections historico-artistiques accessibles par un dédale de couloirs et d’escalier. Ce n’est pas pour rien le palais le plus vaste du Rajasthan. Après, quartier libre avant d’admirer le lac et le coucher de soleil sur l’ile Jagniwas et le palais reconverti en hôtel de luxe.


Mardi 27/01 – Jodhpur
Retour en tatamobile sur les routes du Rajasthan. Encore une bonne huitaine d’heures afin de rallier Jodhpur. Encore moins de temps qu’à Udaipur une fois investi l’hôtel. Je me contente d’une grimpette sur le toit pour consommer mon troisième thé du jour et consommer la sublime vue proposée.


Mercredi 28/01 – Jodhpur
Pourtant relativement prés de mon petit dej, la citadelle de Meherangarh fut laborieusement atteinte. La faute à un dédale de ruelles situées en contrebas de la colline sur laquelle est posé l’endroit. Je slalome gentiment entre les chèvres, les vaches, les chiens et les mulets et les hello des gamins. Entre les bains de foule des rues et les bains d’yeux surpris des ruelles teintées bleu azur j’ai pu/du m’autoriser une pause dans un Temple dédié à Krishna et repartir pour enfin accéder au but fixé. Plus de trois heures de promenade à travers ce magnifique fort couleur ocre et les collections d’objets ayant appartenu aux souverains indiens. Conclusion à quelques centaines de mètres au mémorial Jaswant Thada où marbre blanc, sérénité et jolies vues sont les maitres mots.


Jeudi 29/01 – Jaisalmer
Pas vraiment conscient et plus par facilité, de nouveau transporté par RSTC, la compagnie d’Etat. Plus lent mais certainement plus authentique que les nombreux bus privés. Encore une fois seul touriste noyé dans la foule indienne. On perd du temps afin d’hisser sur le toit tout et n’importe quoi, on s’arrête à chaque village, des gamins braillent et arrivent à couvrir le bruit du moteur, bref on vit au rythme indien. Six heures et me voici à Jaisalmer aux portes du désert du Thar. Une centaine de kilomètres avant, un indien monté pendant le 63e arrêt m’a présenté l’hôtel de son frère. Pour une fois, j’ai eu envie de faire confiance au mode VRP. Conséquence, pas de problèmes de logistique. Sitôt descendu du bus, prise en charge directe et départ en moto pour l’hotel. Deux thés, quelques bookings et diverses discussions Sarko-politiciennes plus tard, il ne me reste que quelques minutes avant le crépuscule afin d’exécuter au pas de charge un rapide tour du fort de Jaisalmer. Déjà la nuit et les derniers préparatifs pour le désert.


Vendredi 30/01 – Grand désert du Thar
Journée entièrement consacrée au grand désert du Thar. Départ à une vingtaine de kilomètres de Jaisalmer et poursuite de l’expédition en chameau. Une étrange caravane composée d’un indien, d’un allemand, d’un français et de cinq chameaux avance paisiblement à travers cet étrange désert, tantôt broussailleux, tantôt rocailleux, tantôt composé de dunes ondulantes. Loin de tout, pas un bruit, juste le son du vent et des animaux. On traverse des villages, on croise des troupeaux, on déjeune puis on dine au feu de bois. Evidemment l’allemand avec une fourchette et éclairé par une lampe frontale et moi avec mes doigts et éclairé par la lune et le feu de camp. On s’endort avec pour seul décors un toit étoilé que la ville nous masque à longueur d’années.


Samedi 31/01 – Jaisalmer 
Reveil tout en fraicheur. Le soleil n’a pas encore chauffé le désert, il est huit heures, je suis à une cinquantaine de kilomètres de Jaisalmer et je ne sais toujours pas si l’organisation a compris que j’ai un train à 16h00. Deux heures de chameau et une blague plus tard, j’ai la réponse. Retour assuré et arrivée à 12h30. Ce qui laisse largement le temps à une douche (froide), à un repas (chaud) et à une revisite du fort (tiède). Timing parfait afin de monter dans le train de nuit pour Delhi. Compartiment couchette, huit personnes. Concours de rots, de pets et de sonneries de portables. Dix neuf heures de train, le décompte pour désigner le vainqueur va prendre du temps.


Dimanche 01/02 – Delhi 
Enfin arrivé. Pas descendu à la bonne station mais à un jet de Rickshaw. Mes deux premiers jours, à défaut d’avoir été productifs, me permettent de ne pas perdre de temps sur la logistique. Rapidement, je suis opérationnel pour mon quota de visites urbaines. Début au Red Fort. Tout un pavé dans le guide et finalement un peu décevant. On est dimanche, beaucoup de visiteurs, beaucoup de fatigue et peu qui tranche avec les autres citadelles. Un ton en dessous au final. Toujours dans le vieux Delhi, direction Jama Masjid, l’imposante mosquée commencée au XVIIe siècle. Intéressant mais furtif. Le crépuscule arrive, les gardiens de la révolution refoulent les infidèles. On s’en fout il y a toujours un temple hindou qui fera le complément et le pendant coloré. Retour en métro en mode ligne 13 des mauvais jours et opération internet pour se rendre compte que le décompte final est engagé.


Lundi 02/02 – Amritsar/Attari
C’est évidemment inclus dans le prix mais la première classe du train indien c’est cosy. Tout confort avec petit déjeuner en cinq étapes. Digne d’un vol transatlantique. Ceci dit, six heures (pour 360 kilomètres) c’est presque un Paris/NYC. Débarquement en début d’aprem à Amritsar, la ville sacrée des Sikhs. Pas de temps à perdre et enchainement avec une petite heure supplémentaire pour accéder à Attari, le poste frontière qui sépare le Penjab du Pakistan. En piste pour la cérémonie de fermeture de la frontière. De chaque coté, chaque jour, des soldats paradent à grand renfort de pas cadencés, de cris et de démonstrations de forces. Chacun parade devant ses supporters disposés dans des tribunes installées le long de la route puis des soldats se tiennent cote à cote afin de baisser les couleurs. Une ambiance mi kermesse, mi stade de foot pour du théâtre bien rodé et impressionnant. Retour tranquille, contrairement à l’aller, personne n’a vomi dans le van. Bon appétit et au lit.


Mardi 03/02 – Amritsar
Deux temples à l’ordre du jour. Le premier est hindou, trouvé après des traversées laborieuses de bazars disposés dans d’étroites ruelles surencombrées. Le Sri Durgiana Temple est beau, doré par endroits, argentés par d’autres. Mais il manque un je ne sais quoi. Bon, avec le temps, on devient difficile. Et puis le début d’après midi n’est pas le moment idéal pour la mise en valeur. Afin de patienter, se présente le Jallianwala Bagh Memorial. Parc aménagé en souvenir d’un tragique événement survenu en 1919. Une manifestation réunie 20000 indiens, répression par l’armée britannique, 400 morts, 1500 blessés. Je n’hésite évidemment pas à mettre en avant mon magnifique accent français quand le temps de la discussion survient. Le soleil baisse d’un ton, il est temps d’entrer dans l’endroit le plus sacré de la religion Sikh : le Temple d’or. Et la, on en a pour son argent (n’importe quoi puisque c’est gratuit). La partie centrale focalise l’attention bien évidemment mais n’est pas le seul intérêt de l’endroit. Et puis cette ferveur religieuse, fascinante, omniprésente, presque tangible. Certains embrassent le sol, d’autres se purifient dans le bassin sacré. Et même si quelques lanciers veillent au respect des règles strictes imposées, pas une seconde le profane ne se sent mal à l’aise. Tout se passe en parfaite harmonie. Enorme final.


Mercredi 04/02 – Chandigarh
En principe, dernier transfert en bus. Six heures pour rejoindre Chandigarh la jeune capitale du Penjab. J’étais littérairement prévenu mais le contraste est saisissant avec les autres villes visitées. Décidée par Nehru et dessinée par Le Corbusier à la fin des années 40, Chandigarh présente de larges avenues rectilignes, des arcades proposant toute la panoplie du western confort et quelques fontaines égayant la grande place centrale quasi nue. On est quelque part entre La Défense et le Varsovie des années 70. Pas trop mon genre en résumé.


Jeudi 05/02 – Chandigarh
Arrivé depuis la partie pakistanaise après la partition, Nek Chand devient responsable de l’aménagement routier de Chandigarh. Il devint également récupérateur de déchets en tout genre, recycleur et artiste. Il créa au cours des années une multitude de personnages, d’animaux et de créatures. Il devint enfin incontournable au point que son lieu de création devienne un parc, soit subventionné par le gouvernement indien et devienne le deuxième site le plus visité du pays après le Taj Mahal. La visite commence par une série d’étroits couloirs bordés de hauts murs et entrecoupés de petites places. Au sommet d’un mur apparaissent des maisons puis au détour d’un virage d’étranges symboles. Après avoir passé plusieurs portes dont certaines pas plus hautes d’un mètre, un panneau annonce la troisième phase. Le chemin mène du créatif au récréatif. On arrive sur une large place entourée de murs décorés de céramique. Des balançoires indiquent qu’on peut considérer l’endroit comme aire de repos. Retour à l’embranchement de la phase 3 et un peu plus loin commence la partie hallucinante de la visite. Une galerie de personnages et d’animaux de toute beauté. Sombres ou joyeux, tous méritent une attention particulière. Chose impossible tellement le nombre est conséquent. Les groupes et les portes se succèdent quand la dernière arrive et donne brutalement dans la rue. Extraordinaire, hors catégorie dans ce voyage, donc difficile à comparer mais certainement un des plus beaux endroits en Inde.


Vendredi 06/02 – Delhi
J’ai connu des derniers jours plus légers. Départ en bus en. Edition Deluxe. Plus cher mais plus rapide. Et surtout avec un horaire plus avancé que le train. Donc, Delhi v.3, débarquement vers 12h30. Impeccable pour une après midi shopping. Sauf que bien sur avec trois jours d’expérience, je crois connaitre la capitale et son métro à trois lignes comme le dernier Blood Red Shoes. Le rappel à l’ordre ne tarde pas à arriver, Central Secretariat n’était pas l’endroit où je croyais arriver. J’en profite pour apprécier les larges avenues encerclant le Parlement. Je remonte l’interminable menant à l’India Gate. Un air de Champs Elysées en travaux. Le temps avance plus vite que moi et il est grand temps de faire la tournée des vrais et faux emporiums d’Etat. Quelques achats en mode tournante. Et que je te passe au marchand de tapis, et que je te repasse au bijoutier. Difficile de maintenir ses objectifs et sa CB dans sa poche. Un cirage de chaussures dégénère en reconstruction de semelles et en achat de lacets, typique. Le dernier Rickshaw est finalement le dernier achat au format 1/50e. L’opération s’achève, demain c’est Paris, cette nouvelle aura au moins le mérite de faire une heureuse ... ou pas.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très bien ce report, comme d'habitude. Ca donne très envie d'y aller!

le horla a dit…

tu m'étonnes que ça donne envie. surtout pour voir la vieille se balancer des casseroles sur le crâne et en faire une pièce montée tout en marchant sur du verre pilé. y'en a qu'on vraiment rien d'autre à foutre.